Vendredi 13 février
18:00
Dresde au XVIe siècle. Échos d’une Europe en mouvement
A la Renaissance, Dresde n’est pas seulement une capitale politique : c’est aussi une scène musicale effervescente, un véritable laboratoire sonore où se croisent les influences italiennes, françaises et germaniques. Le Consort La Capriola explore ces filiations et ces ruptures, dans une traversée de Dresde à l’aube du XVIIe siècle, aux heures où la musique bascule d’un monde à l’autre.
C’est dans ce contexte dynamique que se déploie notre programme, mêlant des parcours artistiques aussi riches que cosmopolites. Hans Leo Hassler, formé à Venise auprès d’Andrea Gabrieli, incarne la rencontre entre la rigueur contrapuntique allemande et l’expressivité italienne. Antonio Scandello et Carlo Farina, musiciens italiens établis à Dresde, joueront également un rôle central pour ce métissage culturel, créant un pont entre deux univers et annonçant les grandes innovations instrumentales à venir. Gregor Brayssing, luthiste dresdois exilé en France suite à la bataille de Mühlberg, met en tablature la musique française de la fin du XVe siècle, ouvrant la voie à un langage nouveau. Ces trajectoires croisées témoignent de la richesse des échanges musicaux européens. Ainsi, à la charnière des XVIe et XVIIe siècles, Dresde devient un creuset fertile d’expérimentations et de renouvellements stylistiques, annonçant le baroque naissant.
En Saxe, la cathédrale de Freiberg est bien connue des musicologues pour ses cinq statues d’angelots tenant des violons de la Renaissance — un bel indice de la tradition du consort de violons dans la région. Plusieurs copies de ces instruments ont été réalisées, mais nous avons fait le choix de jouer sur nos violons italiens, de facture crémonaise. Ce choix fait écho à l’esprit de l’époque : nos instruments s’inscrivent pleinement dans ce contexte d’échanges qui animait Dresde à la Renaissance. Les influences venues d’Italie y étaient fortes et ont grandement participé à transformer en profondeur la vie musicale locale. Ainsi, jouer ce programme accompagnées de violons italiens, c’est aussi prolonger et mettre en valeur ce grand dialogue musical qui trace les contours d’une Europe en mouvement.
Gabrielle Varbetian, canto
Elizabeth Sommers, violino soprano & alto
Dorine Lepeltier-Kovács, violino tenore
Manon Papasergio, violino basso & arpa doppia
Consort La Capriola
La Capriola, c’est une rencontre musicale et amicale au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon, autour d’un même enthousiasme pour la musique de la Renaissance et l’un de ses instruments phare, le violon.
Initié par Dorine Lepeltier-Kovács et porté par un projet de recherche rigoureux, l’ensemble voit le jour en 2021. Un an plus tard, les quatre violons du Consort La Capriola intègrent un Master de musique de chambre au CNSMDL, grâce auquel il profite des enseignements passionnants d’Odile Édouard, Myriam Rignol, Anne Delafosse et Tiago Simas-Freire.
De l’imposant violino basso au violino canto en passant par l’alto et le tenore, le Consort La Capriola se prête ainsi à renouer avec la tradition musicale des bandes de violons au XVIe siècle. Ce jeu en famille instrumentale, dont le quatuor à cordes classique est un descendant direct, constitue un cadre idéal à l’exploration de la musique polyphonique sacrée et profane de la Renaissance. Depuis avril 2024, le Consort La Capriola fait partie du programme européen S-EEEMERGING+, dispositif tremplin pour jeunes ensembles de musique ancienne. En février 2025, il est lauréat du Premier Prix du Jury et du Prix du Public au Concours Première à Bruxelles, dans le cadre du Festival FestiVita (Brussels Early Music Festival). Le consort se produit en France (Lyon, Avignon, Marseille) et à l’international (Lettonie, Portugal, Italie, Belgique).
Par ailleurs, l’ensemble développe également un goût pour les formes théâtrales et propose aujourd’hui des spectacles musicaux qui explorent les liens entre la philosophie humaniste et notre époque contemporaine. La Capriola-Commedia est ainsi l’autrice et interprète du spectacle « Harlou ! La Complainte de l’Enfant Sauvage », créé en juillet 2024 au Festival OFF d’Avignon (coup de cœur du public Masque et la Plume 2024).
Recherche organologique, projets transdisciplinaires, partitions méconnues voire inédites : La Capriola souhaite diffuser la musique de la Renaissance en alliant exigence historique et musicale, tout en la rendant accessible à toutes et tous. À l’appui d’une démarche expérimentale et collective, elle vous invite à découvrir la richesse des langages de la Renaissance européenne, mêlant les couleurs de la voix et des cordes pincées à celles des violons.
Depuis 2025, La Capriola est membre-adhérente de la FEVIS (Fédération des Ensembles Vocaux et Instrumentaux Spécialisés.