Ensemble Correspondances

Vendredi 16 février
20:30

©Alban van Wassenhove

Lamentations des hommes, Marc-Antoine Charpentier

Marc-Antointe Charpentier et Henri Du Mont

Les Lamentations du Prophète Jérémie, contenues dans l’Ancien Testament, pleurent la destruction du Temple de Jérusalem par les Babyloniens six siècles avant Jésus-Christ. Elles passent plus de dix siècles plus tard de la liturgie juive à la tradition chrétienne en prenant place dans l’office de la Semaine Sainte. Les “offices de ténèbres”, qui les mettent en musique ont particulièrement marqué la vie religieuse tout au long du Grand siècle : des 600 couvents parisiens aux abbayes de toutes les provinces du royaume, en passant par certaines paroisses, le clergé profite de cet extraordinaire cérémonial pour marquer les âmes. Le rite marque d’abord par l’obscurité progressive qui en vient à le conclure, au fil de l’extinction des cierges. Laissant progressivement de côté l’austère plain-chant, les compositeurs imaginent alors de sublimes polyphonies prenant le plus souvent place dans les couvents, donc à voix égales. Leur écriture procure une forme d’envoûtement, d’abord lié à la structure du texte et au fait qu’il soit ponctué de lettres hébraïques, sur les longues vocalises. Charpentier est le compositeur de cette époque qui a fourni le plus de leçons de ténèbres. Son style y varie clairement selon les contextes : des ornementations florissantes de l’Abbaye-aux-bois, jusqu’à la splendide gravité des Leçons pour les Jésuites de ce concert, la musique y est toujours d’une profondeur et d’une ferveur inouïes…

Paco Garcia, André Perez Munio, haute-contre
Jordan Mouaïssia, Randol Rodriguez, tailles
Etienne Bazola, Lysandre Châlon, basses
Béatrice Linon, Paul Monteiro, violons
Lucile Perret, Marine Sablonnière, flûtes
Gauthier Broutin, basse de violon
Mathilde Vialle, basse de viole
Thibaut Roussel, théorbe
Sébastien Daucé, orgue et direction


Biographies

Correspondances

Fondé en 2009, Correspondances réunit sous la direction du claveciniste et organiste Sébastien Daucé une troupe de chanteurs et d’instrumentistes, tous spécialistes de la musique du Grand Siècle. Devenu en quelques années une référence dans le répertoire de la musique française du 17è siècle, l’ensemble donne aussi bien à entendre une musique aux sonorités qui touchent directement l’auditeur d’aujourd’hui qu’à voir des formes plus rares et originales.

La redécouverte d’œuvres inédites, et l’expression d’un jeu au plus proche de celui du 17e siècle, est au cœur du projet de l’ensemble. Ses programmes de recherche au long cours ont abouti à des résultats émouvants, comme la reconstitution monumentale du Sacre de Louis XIV, ou encore celle de la partition du Ballet Royal de la Nuit, permettant de redécouvrir ainsi un moment musical majeur du 17è siècle, qui inaugura le règne du Roi Soleil.

L’attachement de l’ensemble à faire revivre des compositeurs à la renommée déjà confirmée autant qu’à revivifier l’image de musiciens oubliés a donné naissance à dix-sept enregistrements avec le label Harmonia Mundi, distingués par la critique française et internationale. Parmi ceux-ci : les Litanies de la Vierge (2013), la Pastorale de Noël (2016), Histoires Sacrées (2019) du compositeur de prédilection de l’ensemble, Marc-Antoine Charpentier ; Etienne Moulinié et ses Meslanges pour la Chapelle d’un Prince (2015) ; les grands motets d’Henry du Mont (2016) et de Michel-Richard de Lalande (2022) ; Perpetual Night, premier album de la soliste Lucile Richardot (2018) ; ou encore les Membra Jesu Nostri de Buxtehude (2021).

Dans un même esprit de redécouverte pour la scène lyrique qui a précédé l’opéra, Correspondances a à cœur de faire revivre les formes scéniques françaises ou étrangères telles que le ballet de cour, l’histoire sacrée, le semi-opéra ou encore le mask anglais. En 2017, Le Ballet royal de la nuit voit le jour au théâtre de Caen, forme grandiose et féérique imaginée à l’aune du XXIème siècle par la chorégraphe Francesca Lattuada. L’ensemble poursuit son exploration des formats expérimentaux qui ont jalonné le Grand Siècle avec le spectacle Songs mis en scène par Samuel Achache pour la voix de Lucile Richardot ou encore le mask anglais Cupid & Death créé en 2021 au Théâtre de Caen, divertissement excentrique au cœur d’un monde renversé forgé par Jos Houben et Emily Wilson. Toujours en 2021, Correspondances se produit pour la première fois au Festival Lyrique d’Aix-en-Provence avec Combattimento, la théorie du cygne noir, composition utopique autour de la reconstruction de la cité idéale à partir des œuvres de Monteverdi et de ses pairs italiens du début du 17è siècle imaginée par Silvia Costa.

Hors de tout sentier battu, Correspondances apporte la polyphonie et le lyrique là où on ne l’attend pas. Ainsi depuis 2020, l’ensemble sillonne chaque été à vélo les routes et fait résonner la musique du 17ème au cœur des villages et des pays normands. Une aventure musicale, sportive et normande pour petits et grands.

Correspondances est en résidence au théâtre de Caen. Il est ensemble associé au Musée du Louvre. Il reçoit le soutien en résidence de création de la vie brève – Théâtre de l’Aquarium. Correspondances est soutenu par le Ministère de la Culture – DRAC Normandie, la Région Normandie, le Département du Calvados, la Ville et le théâtre de Caen. L’ensemble est aidé par la Fondation Correspondances qui réunit des mélomanes actifs dans le soutien de la recherche, de l’édition et de l’interprétation de la musique du XVIIème siècle. Il reçoit régulièrement le soutien du département du Calvados, de l’Institut Français, de l’ODIA Normandie et du Centre National de la Musique pour ses activités de concert, d’export et d’enregistrements discographiques.

L’Ensemble Correspondances est Membre d’Arviva – Arts vivants, Arts durables, et s’engage pour la transition environnementale du spectacle vivant. L’ensemble est membre de la FEVIS, du Profedim et du Réseau Européen de Musique Ancienne.

Sébastien Daucé

Organiste, claveciniste, Sébastien Daucé est animé par le désir de faire vivre un répertoire foisonnant et encore peu connu : celui de la musique française du XVIIe siècle.

C’est pendant sa formation au Conservatoire supérieur de Lyon qu’il rencontre les futurs membres de Correspondances. Il y bénéficie notamment de l’enseignement de Françoise Lengellé et d’Yves Rechsteiner. D’abord sollicité comme continuiste et chef de chant (ensemble Pygmalion, Festival d’Aix en Provence, Maîtrise & Orchestre Philharmonique de Radio France…), il fonde à Lyon dès 2009 l’ensemble Correspondances, réunissant auprès de lui chanteurs et instrumentistes épris du répertoire français sacré du Grand Siècle.

Avec l’ensemble, qu’il dirige depuis le clavecin ou l’orgue, il parcourt la France et le monde, et enregistre fréquemment pour la radio. Sébastien Daucé et l’ensemble Correspondances sont en résidence au théâtre de Caen avec lequel ils développent leurs premiers projets scéniques (Trois Femmes mis en scène par Vincent Huguet en 2016, puis Le Ballet Royal de la Nuit, légendaire ballet de cour qui vit naître le mythe du Roi Soleil, mis en scène par Francesca Lattuada en novembre 2017). Atypique dans ses propositions scéniques, l’aventure se poursuit avec le mask anglais Cupid & Death en 2020, une résurrection du Sacre de Louis XIV en 2021 et un David & Jonathas de Charpentier la saison prochaine. Sébastien Daucé et l’ensemble Correspondances sont également associés à l’Opéra et à la Chapelle du Château de Versailles et au Musée du Louvre.

Le Japon, la Colombie, les Etats-Unis et la Chine marquent autant d’étapes dans la carrière de l’ensemble, aux côtés de collaborations régulières en Europe (Angleterre, Allemagne, Benelux, Pays-Bas, Italie, Pologne). Son exploration d’un répertoire peu joué, souvent inédit, aboutit avec le soutien du label harmonia mundi, pionnier à bien des égards dans le répertoire baroque, à une discographie de dix-sept enregistrements remarqués par la critique : Diapasons d’or de l’année, ffff Télérama, Editor’s Choice de Gramophone, Chocs de l’année de Classica, Prix de la Critique Allemande du disque, Prix Cécilia de la critique belge…

L’ensemble bénéficie d’une reconnaissance internationale : en 2016, il est récompensé lors de la cérémonie des Echo Preis à la Konzerthaus de Berlin dans les catégories de Meilleures Premières Mondiales pour Le Concert Royal de la Nuit et de Meilleur jeune chef de l’année ; le magazine australien Limelight lui décerne la récompense du meilleur opéra de l’année 2016 pour son Concert Royal de la Nuit.

Parallèlement à ses activités de musicien, Sébastien Daucé collabore avec les meilleurs spécialistes du XVIIè siècle, publiant régulièrement des articles et participant à d’importants projets de performance-practice. Passionné par la question du style musical, il édite la musique qui constitue le répertoire de l’ensemble, allant jusqu’à en proposer quand cela s’impose, des recompositions complètes, comme ce fut le cas pour Le Ballet Royal de la Nuit.

Il a enseigné de 2012 à 2018 au Pôle Supérieur de Paris. En 2018, il était directeur artistique invité du London Festival of Baroque Music. En 2023, il prend la direction artistique des Promenades Musicales du Pays d’Auge.