Zefiro Torna

Vendredi 16 février
22:45
Concert aux chandelles

Les Champions des Dames

Du Fay, Binchois et autres

Le programme “Les Champions des Dames” fait référence au (quasi) poème éponyme de 24 000 vers, le Champion des Dames, que l’écrivain français Martin le Franc a dédié au duc bourguignon et mécène Philippe le Bon.  Datant de 1441/1442, l’œuvre décrit les hauts faits des femmes à travers l’histoire et prend résolument parti pour le “sexe faible” dans ce que l’on appelle la “cause des femmes”.  

L’œuvre comprend une illustration représentant les compositeurs Guillaume du Fay et Gilles Binchois ensemble. Inspirés par le style anglais novateur, doux et “consonant” de leur contemporain John Dunstable, ces compositeurs rompent avec le style complexe de l’ars subtilior.  Sous le charme des femmes florentines, des thèmes de l’Antiquité et de l’humanisme, ils écrivent des joyaux de l’art de la miniature musicale qui plaisent beaucoup à la cour bourguignonne et font le lien entre le Moyen-Âge et le début de la Renaissance. 

Le programme Les Champions des Dames est conçu comme un triptyque. 

La première partie examine la glorification des femmes, tant sur le plan profane que sur le plan sublimé – spirituel.  Vergene bella forme la conclusion du ‘Canzoniere’ de Pétrarque.  Du Fay suit les subtilités du texte, y compris de nombreux mélismes sur “stelle” comme incarnation d’une constellation, une fermata sur “couronne” et un riff improvisatoire sur “amour”. Le motet Mirandas parit haec urbs florentina puellas chante les charmes et la beauté des femmes florentines. Nicolas Grenon, qui travaillait à la chapelle de Jean sans Peur, décrit sa femme idéale dans un style simple de ménestrel : « blans , blond, tout par mesure, toute noblesse en fais en dis et en parleure ».   Les chansons Par le regard de vos beaux yeux et Quel fronte signorille in paradiso exposent de délicieux traits de plume d’amour.  La chanson La belle se siet montre un dialogue entre une jeune femme et son père : elle ne veut pas de mari ou de “dieu”, mais seulement son amant emprisonné qui sera pendu demain.

La souffrance et la perte terrestres sont exprimées dans la partie centrale. Las, que feray ? Ne que je deviendray montre une dame désolée, abandonnée par son amant qu’elle a pourtant « amé leaulment de cuer vray ».  La joie intérieure lui échappe complètement dans la canzone italienne Aymé sospiri, non truovo pace, après laquelle elle ne peut trouver la paix que dans la mort.

La dernière partie dégage une atmosphère humaine, quotidienne et décontractée d’un nouveau printemps et d’une “joie sans fin”.  De la chanson flamande anonyme Ope es in minnen groot ghenuecht aux scènes satiriques et folkloriques de Fate d’arera avec le reproche « ah, vieux coquin » et la réponse aux calomniateurs ou aux commères « J’en fait qu’une bouchée » dans Qui veut mesdire, si mesdie. Bien sûr, il y a aussi l’inévitable excès de confiance dans les chansons à boire comme He compaignons, resvelons nous où les sentiments négatifs sont évacués : « ne soions plus en soussy, tantost vendra le temps joly ».  Ce beau temps est ensuite invariablement associé au Nouvel An (qui coïncidait alors avec le printemps) dans Ce jour de l’an voudray joye mener et Bon jour, bon mois, bon an et bonne estraine.  Enfin, ce n’est pas sans un adieu mélancolique à tous ces délices bourguignons avec Adieu ces bons vins de Lannoys.

Jurgen De bruyn
(avec nos remerciements à Dra. Sofie Taes – Essay ‘Passie van de Stemmen’ Alamire Foundation)

Lieselot De Wildesoprano
Dimos De Beun clavecymbalum, flûtes à bec
Jurgen De bruynluth, chant, direction artistique

©Kurt van der Elst

Biographies

Zefiro Torna

Depuis sa création en 1996, l’ensemble transhistorique ZEFIRO TORNA est connu pour ses concepts innovants. L’ensemble travaille avec d’excellents musiciens de toute l’Europe et fait revivre de manière unique le patrimoine culturel européen issu du Moyen Âge, de la Renaissance et du baroque à un lange public. Loin de se borner à cette approche historique, ZEFIRO TORNA entre en dialogue avec d’autres genres musicaux, ainsi qu’avec la littérature, la science, la philosophie et les expressions contemporaines dans le domaine des arts visuels, du théâtre et de la danse. Il en résulte des spectacles captivants sur des thèmes symboliques.

A cet effet,  l’ensemble a travaillé avec des artistes, metteurs en scène, choréographes, compositeurs et interprètes de renom comme Anne-Mie Van Kerckhoven, Bram Bosteels, Dick van der Harst, Ghalia Benali, Ief Spincemaille, Jeroen d’Hoe, Martin Valcke, Mauro Pawlowski, Sigrid T’Hooft , Stefaan Degand, Stevie Wishart, Timo Van Luijk, Tom Hannes et avec des compagnies et ensembles comme Abattoir Fermé, ARSENAAL/LAZARUS, DE MAAN, Frank Vaganée Trio, LAIKA le théâtre des senses, LOD muziektheater, Psallentes, Muziektheater Transparant, Ultima Thule, Chœur de la Radio flamande/Hervé Niquet, Ensemble Variances, Vocalconsort Berlin, ZOO/Thomas Hauert.

L’ensemble est l’invité bienvenue de salles de concert prestigieuses et de festivals d’art et de musique telles que Amuz, Bozar, Concertgebouw Brugge, Muziekcentrum De Bijloke, DE SINGEL, Flagey, Handelsbeurs, Kaaitheater, Muziekgebouw aan ‘tIJ Amsterdam, Philharmonie Haarlem, Tivoli Vredenburg Utrecht, Le Channel Calais, Le Volcan Le Havre et dans de nombreux festivals de musique et d’art tels que Brosella, Greenwich + Docklands International Festival London, Festival de Wallonie, LUNALIA, Festival de Flandre Ghent, Klarafestival, Laus Polyphoniae, MA Festival Brugge, Festival Été d‘Anvers, Concentus Moraviae , Festival de Musica Antigua de Sevilla, Frysk Festival Gergiev, Landshuter Hofmusiktage, Boulevard Theatre Festival, Cultura Nova Heerlen et O. Festival Rotterdam.

Les créations sont régulièrement récompensées. Leurs albums sont publiés sur les labels Et’Cetera, Warner Classics, Homerecords, et Antarctica Records.

Jurgen De bruyn

Jurgen De bruyn (né en 1971) a étudié la guitare classique avec Raphaëlla Smits et le luth avec Philippe Malfeyt à l’Institut Lemmens de Louvain, où il a également obtenu un master en musique de chambre avec Roel Dieltiens et Erik Van Nevel.  Il a également suivi des cours de maître avec David Russell et Jordi Savall, entre autres.

Depuis 2003, Jurgen De bruyn est directeur artistique de l’ensemble de musique ancienne Zefiro Torna, de renommée internationale. Il a contribué à de nombreuses productions de musique ancienne et à l’enregistrement de CD avec des compagnies, des artistes et des chefs d’orchestre tels que le Huelgas Ensemble (dir. Paul Van Nevel), le Collegium Vocale Gent (dir. Philippe Herreweghe), l’Opéra flamand (dir. Paul Goodwin), la Capilla Flamenca (dir. Dirk Snellings), les Agrémens (dir. Jean Tubéry et Rinaldo Allessandrini), Il Fondamento (dir. Paul Dombrecht), Currende (dir. Erik Van Nevel), le Chœur de la Radio flamande (dir. Bo Holten et Jos Van Veldhoven), Capriola di Gioia, Ensemble Explorations, Vox Luminis, Oltremontano, Bach+, la Cetra d’Orfeo, Jeroen Berwaerts ensemble, Ann Cambier, etc. Il a également participé à des projets dans d’autres genres : jazz world music avec Chris Joris Experience, l’ensemble Sahava Seewald, danse contemporaine avec Les Ballets C de la B (chor. Sidi Larbi Cherkaoui, Koen Augustynen) et théâtre avec la musique du compositeur Peter Vermeersch au NTGent (dir. Johan Simons).

Jurgen enseigne le luth et la guitare aux académies de Bornem, Mechelen, Sint-Lambrechts-Woluwe et Tienen.